Leader, mais seul : un tabou qu’on brise peu à peu
“ Je suis entouré de monde en permanence… et pourtant, je me sens seul. "
Être dirigeant, c’est porter la vision, prendre des décisions cruciales et guider son entreprise à travers les défis et les opportunités. Mais derrière le prestige et l’apparente maîtrise de la situation, il y a une réalité souvent méconnue : la solitude.
Entouré, mais pourtant seul...
On pourrait croire qu’un dirigeant est entouré en permanence : équipes, clients, partenaires… Pourtant, ce n’est pas si simple. Prenons le cas de Julien*, un entrepreneur qui a bâti son entreprise avec passion. Pendant des années, il a été en première ligne, développant des stratégies, embauchant des talents et gérant les moments difficiles.
Puis, tout s’est compliqué. Il a perdu plusieurs employés clés, des piliers de son organisation, et, presque simultanément, certains de ses plus gros clients ont décidé de partir. Julien a d’abord cru qu’il pouvait tout gérer seul. Il a multiplié les actions pour tenter de redresser la situation, prenant des décisions dans l’urgence, sans véritablement consulter ni son équipe, ni des experts extérieurs. Mais plus il tentait de résoudre les problèmes seul, plus la situation empirait.
Les employés restants ressentaient la pression et se sentaient de plus en plus déstabilisés, ce qui affectait leur engagement et leur performance. Les clients encore présents commençaient à douter de la stabilité de l’entreprise. Progressivement, Julien s’est retrouvé isolé, piégé par ses propres décisions et submergé par le stress.
Quand partager est difficilement une option
Un employé peut discuter de ses défis avec ses collègues, un cadre peut échanger avec son supérieur, mais un dirigeant, lui, doit souvent garder certaines choses pour lui. Qui consulter lorsqu’il faut prendre une décision difficile, comme une restructuration ou un repositionnement stratégique ? Comment gérer une crise sans inquiéter inutilement son équipe ? Cette responsabilité solitaire peut vite devenir écrasante.
Un impact sur la santé mentale
Et ce n’est pas juste un ressenti personnel. Selon une étude du Harvard Business Review, 50 % des CEO se sentent isolés dans leur rôle, et 61 % estiment que cela affecte leur performance. Julien, lui, a commencé à ressentir des symptômes d’anxiété : fatigue extrême, difficultés de concentration, irritabilité. Il se demandait s’il était encore à la hauteur. Comme beaucoup, il pensait qu’il devait être fort, qu’un dirigeant ne devait pas montrer ses faiblesses.
Briser l’isolement : une nécessité
Heureusement, il y a des solutions, et elles passent souvent par un changement de perspective et d’habitudes.
- Se faire accompagner par un coach : C’est souvent la première étape pour sortir de l’isolement. Un coach professionnel aide à structurer la réflexion, à mieux gérer les émotions et à adopter des stratégies concrètes pour affronter les défis. Julien a décidé de franchir ce pas, et cela lui a permis de prendre du recul sur sa situation, de mieux gérer son stress et de retrouver une clarté d’esprit essentielle pour son leadership.
- S’entourer de conseillers de confiance : Julien a cherché des experts ayant une compréhension approfondie de ses défis spécifiques. Il a consulté un spécialiste en gestion du changement et un expert en fidélisation client. Ces échanges lui ont permis de prendre des décisions plus éclairées et adaptées à sa situation.
- Rejoindre des groupes de dirigeants : Il a rejoint un forum où il pouvait parler librement des difficultés qu’il traversait. Se rendre compte qu’il n’était pas seul dans cette situation a été une révélation. Échanger avec d’autres dirigeants lui a permis d’apprendre de leurs expériences et de s’inspirer de leurs stratégies.
- Impliquer davantage son équipe : Plutôt que de tout porter seul, Julien a appris à déléguer davantage. Il a commencé à instaurer des réunions stratégiques et efficaces avec ses collaborateurs clés, ce qui a favorisé une meilleure prise de décision collective et un climat de confiance. Il s'est montré réellement à l'écoute et a compris que pour y arriver, il devait impliquer (concrètement) ses personnes clés.
- Prendre du temps pour soi : Il a réintroduit des moments personnels dans son agenda, ce qui a grandement amélioré son bien-être. Une routine plus équilibrée lui a permis d’être plus clairvoyant dans sa gestion et plus apaisé dans ses interactions avec son équipe.
Vers un leadership plus humain
Parler de cette solitude et la reconnaître, c’est déjà un premier pas. Être dirigeant ne signifie pas être invincible. Au contraire, admettre ses vulnérabilités et chercher du soutien, c’est une force. En brisant le tabou, on permet aux leaders de mieux se préserver et, par extension, de mieux diriger.
*Le cas de Julien est inspiré de faits réels, mais le nom a été modifié pour respecter la confidentialité.